Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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La jeune fille au carton à chapeaux de Boris Barnet, mardi 28 janvier au Rex (Châtenay Malabry)









- Cycle Mémoire de cinéma, programmation et animation Laura Laufer : Cinéma Rex 364, Avenue de la Division Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry. Tél :01 40 83 19 73. http://www.cac-le-rex.fr
Pour tout le cycle Mémoire de cinéma, achetez 1 place, venez à 2 !

Mardi 28 janvier à 20h30, je présenterai La jeune fille au carton à chapeaux. Réalisation : Boris BARNET, 1927. Durée 1h 07min.
avec Anna STEN, Serafima BIRMAN, Vladimir FOGEL, Ivan KOVAL-SAMBORSKI, Pavel POL...

Natacha vit dans la campagne proche de Moscou, avec son grand-père. Elle fabrique des chapeaux qu’elle livre chaque jour par le train à Madame Irène, commerçante à la capitale. Madame Irène et son mari, obligés par la loi de louer une de leurs chambres, demandent à Natacha d’habiter chez eux. Natacha rencontre Ilia arrivé de province jeune étudiant sans domicile. Pour lui permettre d’occuper la chambre chez Madame Irène, Natacha lui propose un mariage fictif.Un jour, le mari de Madame Irène paie Natacha avec un billet de loterie correspondant au premier emprunt d’Etat et garde pour lui l’argent destiné à Natacha...

Durant la période de la N.E.P (Nouvelle Économie politique), l’État soviétique introduit, dès 1921, une relative libéralisation de l’économie afin de la redynamiser après la Première Guerre mondiale et la guerre civile. La jeune fille au carton à chapeau est une œuvre de commande de la période de la NEP destinée à encourager un emprunt d’État.
Pourtant nous sommes, avec cette comédie de Boris Barnet, loin d’un cinéma de lourde propagande. La subtilité des gags, le formidable jeu des acteurs et l’inventivité de la mise en scène de Barnet font de La jeune fille au carton à chapeaux une œuvre d’une poésie, digne sœur soviétique, de celle qu’on trouve dans les plus belles comédies américaines d’un Lubitsch ou d’un Capra.
Barnet mêle avec une grande finesse le burlesque et l’humour, mais sa satire contre les petits bourgeois qui espèrent s’enrichir en exploitant sans vergogne leur employée, est vive, mordante et acérée. On retrouve ici, dans les personnages grotesques de Madame Irène, du télégraphiste ou de Monsieur Nicolaï, un jeu inspiré par celui de la célèbre Fabrique de l’Acteur Excentrique (F.E.K.S) qui donna au théâtre et au cinéma soviétique une pépinière d’immenses acteurs qui n’ont rien à envier aux grands burlesques Américains.

Le cinéaste, en poète, garde toute sa tendresse pour les deux jeunes gens, personnages dont l’ingénuité possède un fort pouvoir d’émerveillement sur le spectateur. Cette œuvre courte et d’une grande fraîcheur nous offre un très grand moment de bonheur.
- Laura L.

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