Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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Théâtres au cinéma : le soutien du Conseil général doit continuer !









En raison de son excellence, j’ai rendu compte de plusieurs éditions du Festival Théâtres au cinéma. Voici un court extrait de l’émission de 1998, ma dernière année de radio. Dominique Bax y présente le principe du festival.

Théâtres au cinéma est une des meilleures initiatives culturelles de de la Seine-Saint Denis par la qualité de sa programmation et de ses invités et il est scandaleux que le Conseil Général décide de lui enlever son soutien. Allons nous vers un appauvrissement généralisé de ce département ? Ses nouvelles politiques culturelles nous le font redouter qui, loin de combattre la pauvreté, la reproduiront.
Le soutien du Conseil Général au festival Théâtres au cinéma doit continuer ! Longue vie à Théâtres au cinéma ! - Laura

L’Association Ciné-Festivals a rendu public ce 29 juin, le communiqué suivant :

Le Festival Théâtres au Cinéma : Vers un autre « Procès de Bobigny » ?...

« Trop élitiste, trop patrimonial, asséché et trop éloigné de la politique des publics du département », ainsi ont qualifié, le festival « Théâtres au Cinéma », nos interlocuteurs du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis, un de nos partenaires historiques, pour accompagner leur décision de ne plus soutenir notre festival. Ainsi, il aura donc fallu attendre presque un quart de siècle d’existence pour que cette sentence tombe, tel un couperet ! Estimant que le festival a assez vécu et qu’il « vaut mieux penser à une autre manifestation car « attention de ne pas s’engager sur des cycles éternels ». 24 ans, c’est une belle vie !
Et en guise d’estocade finale, l’argument qui, sans doute, se voudrait ultime : « Un festival en 2013 ne correspond plus aux attentes du public ». Et aussitôt nous pensons à ces jeunes de Bobigny et de tout le département qui avaient, au terme d’un travail en atelier, offert un des spectacles les plus prenants que « Théâtres au Cinéma » ait engendré : « Kafka chez les rappeurs », au cours duquel de jeunes talents, une cinquantaine, en hip et hop et en rap ont été révélés au public !
Fait étrange, le Conseil général n’a pas attendu le bilan 2014 du 24e festival (et qu’il nous avait pourtant commandé) pour prendre une décision aussi injuste qu’inique. A nos yeux, du moins, mais pour ceux qui ont encore en mémoire, les promesses de la campagne présidentielle, de permettre aux zones précarisées par la crise, d’avoir accès à ce droit élémentaire : la culture ! Pourtant quelle belle édition que celle de 2013 qui, grâce à Philippe Garrel, Bernadette Lafont , Luis Rego, Jean-Pierre Léaud, a permis de faire venir dans nos salles un public dont la jeunesse a été relevée par tous les participants !
Bobigny a été une destination, 24 années durant, d’artistes illustres que les balbyniens, entre autres, ont eu le plaisir de croiser ? Des créateurs qui sont venus parler de leur art : Peter Brook, invité cardinal du 1er festival, Manoël de Oliveira, Harold Pinter, Andrzej Wajda, Théo Angelopoulos, Margarethe Von Trotta, Patrice Chéreau, Alain Robbe-Grillet, Raoul Ruiz, Alain Tanner, Marco Bellocchio, Barbet Schroeder, etc.
Et aussi toutes ces comédiennes et tous ces comédiens : Jeanne Moreau, Claudia Cardinale, Hanna Schygulla, Aurore Clément, Laurent Terzieff, Sami Frey, Omar Sharif, Michel Piccoli, Bulle Ogier et tous les autres (la liste est bien longue) qui sont venus rencontrer le public, à Bobigny.Sans parler des rencontres avec les écrivains, comme celles, mémorables, avec Harold Pinter et John Berger.

Aucune considération, non plus, pour l’ouvrage édité, chaque année, sur le réalisateur choisi. Un livre qui rencontre un large plébiscite. Et que nombre de bibliothèques (en France, en Europe, mais aussi un peu partout dans le reste du monde), sans parler des journalistes, n’ont jamais manqué d’en souligner la haute tenue. D’en faire une référence !

Le Conseil Général affirme refonder sa politique cinématographique « en s’appuyant sur des acquis historiques, avec des salles de cinéma qualifiées, avec une politique des publics plus importante et des réseaux plus ambitieux ». C’était du moins l’essentiel de son intention électorale. Mais qui risque de n’être qu’« électoraliste », sans plus ! Un amer constat, qu’impose ce véritable fait du Prince, à l’encontre du Magic et qui écarte, ainsi, d’emblée, un cinéma classé « Art & Essai, Recherche, Patrimoine et Jeune Public », qui s’est évertué, sans compter, à créer et organiser chaque année, et avec passion, ce festival !
De même, cela pourrait s’apparenter à l’expression d’une certaine forme de mépris à l’endroit des citoyens de la Seine-Saint-Denis, qui ne seraient pas à même d’apprécier un programme ambitieux, exigeant qui fait découvrir à chaque festival un pan de la cinématographie mondiale. Et pour lequel ils ont manifesté une adhésion sans cesse croissante. Cela a, apparemment, échappé à la sagacité de ceux qui ont décrété « élitiste » ce festival qu’ils n’ont pas forcément côtoyé, comme leurs charges le leur dicteraient, histoire de vérifier comment sont utilisés les deniers publics ! Ils auraient pu, pourtant, relever la présence, sans cesse croissante, du public du Département …Et de toutes conditions. Et même des plus défavorisées, à l’image de ces SDF, qui dissimulaient leurs effets dans les fourrés avoisinants et de se glisser discrètement dans les salles du Magic Cinéma. Pendant plus de vingt ans, ces laissés-pour-compte, ont tenus à payer leur place, histoire, sans doute, de ne pas se sentir amoindris par rapport au reste du public.
Ceux la même qui doivent, comme le reste de notre fidèle public, d’ailleurs, cet accès à la culture à la Ville de Bobigny, avec à ses côtés la Région et la DRAC Ile-de-France, qui apporte un soutien indéfectible au festival. Et bien sûr, jusqu’à la précédente édition, au Conseil Général. Sauf que maintenant, c’est cette même structure départementale qui risque, paradoxalement, de contribuer à la réduction drastique de ces moyens d’accès à la culture. Un droit qui n’est pas une faveur !
Aujourd’hui, l’heure est grave, c’est pour cela que nous sollicitons le soutien de tous, pour que le festival puisse, se poursuivre et souffler ses 25 bougies en accueillant la réalisatrice, Chantal Akerman, qui a, d’ores et déjà, répondu, avec enthousiasme, à notre invitation pour la prochaine édition de « Théâtres au cinéma », en avril 2014 !

L’Association Ciné-Festivals, Bobigny, 29 juin 2013