Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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Suspendez les haut et court ! Soutenons le Méliès de Montreuil









La manifestation de soutien au cinéma a rassemblé plus de 500 personnes parmi lesquelles les cinéastes Laurent Cantet, Dominique Cabrera, Dominique Moll, Solveig Anspasch, Jean-Pierre Thorn, des représentants de la SRF, de la critique de cinéma Jean Roy, de la fédération CGT du spectacle, des territoriaux CGT de Montreuil, de Solidaire.

Le cinéma Méliès de Montreuil est en grève depuis une dizaine de jours pour exiger la réintégration des trois salariés suspendus et le paiement de leur salaire.
Dans cette lutte, l’ équipe du cinéma a besoin de votre soutien.
Merci d’ envoyer les chèques à UL CGT, 24 rue de Paris. 93100, chèques libellés à l’ordre de : CGT Solidarité Méliès.

Les salariés du Méliès ont ouvert un blog sur internet : http://soutienaumelies.wordpress.com/
Ci-dessous en bas de page, le texte des 4 cinéastes, membres du conseil du Cinéma Méliès, Robert Guédiguian, Dominique Cabrera, Dominik Moll et Solveig Anspach qui soutiennent le Méliès de Montreuil.
Le texte est paru sous forme de pétition. Pour la lire, signer, partager : https://www.lapetition.be/en-ligne/Crise-au-melies-de-montreuil-12398.html

- Tract CGT Territoriaux –

LE MELIES : « MENSONGES SUR LA VILLE »

Mercredi 23 janvier 2013

Le faux « détournement de fonds ». Non, il n’y a pas de caisse noire !
Depuis le samedi 19 janvier 2013, l’équipe du cinéma Méliès de Montreuil est en grève. Ce même jour, une manifestation publique, soutenue par la CGT, a réuni plus de 600 spectateurs et citoyens, en présence de nombreux professionnels du cinéma (Laurent Cantet, Solveig Anspach, Dominique Moll, Dominique Cabrera…) et de nombreux élus de toutes les forces de gauche réunies, majorité municipale exceptée. L’équipe du Méliès dénonce « la maltraitance subie depuis plus d’un an » et qui vient d’aboutir, à l’occasion de la deuxième enquête administrative de l’année, à la suspension de trois agents et à une plainte contre X pour « détournement de fonds publics »… Par contre, le directeur général adjoint des services, qui a dirigé le Méliès pendant 9 mois n’est ni suspendu ni entendu pendant l’enquête, mais nommé enquêteur !

L’accusation porte sur les recettes générées par une dizaine de séances « non commerciales » par an (sur 4000 séances organisées) reversées dans la « billetterie commerciale », afin d’acheter des places aux invités des associations-partenaires choisies par la ville. Les élus de la majorité disent avoir récemment découvert ce « système » qu’ils qualifient de « caisse noire », en fantasmant sur d’autres usages. Pourtant, certains élus sont eux-mêmes intervenus pour obtenir le versement de ces recettes à des associations, au vu et au su de tous… Mieux encore, le mécanisme que la ville affirme illégal, existe depuis plus de 15 ans et a été confirmé « dès la municipalisation du cinéma », , en 2002, écrit la Maire. Qui était alors directeur de l’action culturelle et directeur par intérim du Méliès ? Celui qui est désormais Maire adjoint à la culture et au budget de la ville de Montreuil ! Il a d’ailleurs admis au dernier Conseil municipal avoir mis en place l’ensemble des procédures budgétaires et connaître la double billetterie… soi-disant découverte en novembre 2012.

Tous les agents du Méliès clament leur honnêteté, leur respect des lois et leur haute idée du service public.

Diffamation et surmédiatisation.
« Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage. »

L’équipe du Méliès dénonce un piège grossier et la quatrième attaque frontale en un an toutes plus énormes les unes que les autres : sécurité des spectateurs (pour une panne d’ampoules), souffrance du personnel (alors que 14 membres d’une équipe de 15 personnes affirmaient leur plaisir à travailler ensemble au cinéma), « favoritisme » dans l’attribution du marché numérique (accusation levée quelques jours plus tard, mais qui a entraîné 3 semaines de fermeture de deux des trois salles du Méliès) et désormais « détournement de fonds », « enrichissement personnel » (accusation publique à présent niée) et « achat de drogues » !!!

Des méthodes scandaleuses sont employées pour salir et démanteler l’équipe : parallèlement aux pseudo « enquêtes » internes, où chacun est juge et parti, la publication de deux annonces de « directeur du Méliès », en lieu et place de celle, promise, de « directeur technique et administratif », la lecture publique illégale réitérée d’un rapport confidentiel de la médecin du travail de la ville (laquelle a démissionné depuis), le directeur artistique qualifié sur internet de « harceleur » par un membre du cabinet de la maire, etc.

« Trop, c’est trop », dit aujourd’hui l’équipe qui dénonce les « méthodes violentes utilisées par la municipalité et sa direction générale » pour « évincer les membres d’une équipe qui dérange ».

La CGT exige la réintégration des trois agents suspendus qui souffrent de la perte brutale de leur activité et qui subissent l’amputation d’une partie de leur salaire.

Pourquoi l’acharnement ?
Un projet culturel et une équipe qui dérangent..?

Pourquoi cette équipe dérangerait-elle ? Est-ce parce qu’elle porte le projet du nouveau Méliès (6 salles, au lieu de 3) que Dominique Voynet voulait tuer dans l’œuf après son élection, et qu’elle n’a encore jamais réussi à faire sien ?
« Trop cher », inutile, trop élitiste, trop « bobo », dit-elle au Monde.

Ne serait-il pas aussi trop marqué par son prédécesseur et par son directeur artistique ?
Stéphane Goudet et l’équipe, après s’être mobilisés contre UGC et MK2 qui voulaient empêcher l’extension du Méliès (« un combat brutal et arrogant contre les circuits », commenta Voynet), ont effectivement résisté en interne aux pressions de la municipalité. Résisté pourquoi ?
Pour avoir des garanties sur l’acoustique menacée des nouvelles salles,
contre l’ingérence politicienne dans la programmation,
contre la suppression de la moitié des centres de loisirs fréquentant le cinéma à l’année,
contre la tentation d’aligner les tarifs sur les prix des multiplexes,
pour refuser la suppression d’un film des programmes d’éducation à l’image,
pour contester la remise en cause des dispositifs pédagogiques (avec pour argument : « On force les enfants à voir des films qu’ils n’ont pas envie de voir » !).

Mais ils se sont aussi mobilisés pour demander simplement à quel projet culturel répondaient à la fois le transfert surprise des cinémas à la communauté d’agglomération Est Ensemble, la perte annoncée de 6 postes, par rapport au projet initial, à l’ouverture du nouveau cinéma (avec remplacement de caissiers par des bornes et polyvalence généralisée, façon multiplexe) et la disparition programmée de la subvention d’équilibre de la ville… « Le cinéma est un art médiocre et petit-bourgeois. C’est pour cela que je n’y vais jamais », résume un élu. Largement imités, la Maire et l’élu à la culture boycottent le Méliès et n’y ont vu ni les frères Dardenne, ni Weerasethakul, ni Tsaï Ming-liang, ni Michael Cimino, ni Wes Anderson, ni Milos Forman, ni Stephen Frears, ni Costa-Gavras, ni Anna Karina, ni Bertrand Tavernier, ni Jacques Audiard, ni Noémie Lvovsky. Quasiment personne.
Qui aime et défend le cinéma et l’intérêt général ?

À un an de l’élection municipale, Dominique Voynet a souhaité faire le ménage dans un service jugé trop libre. Mais les spectateurs qui dénoncent le mépris pour la présomption d’innocence et « l’acharnement » de la municipalité contre l’équipe du Méliès soutiennent leur cinéma, son travail de qualité et ses employés. Ainsi ont-ils été très nombreux à suivre Michel Leclerc et Laurent Cantet récemment invités, après qu’ils ont indiqué l’un et l’autre refuser de débattre au Méliès compte tenu des circonstances, avant d’aller discuter de leurs films… au café d’à côté. Après le succès formidable de la manifestation du 19 janvier et alors que la Maire refuse toujours de recevoir les grévistes, d’autres actions sont envisagées, dont nous vous tiendrons prochainement informés.

Populaire et exigeant,
Défendons l’esprit de notre cinéma !

Pour soutenir le Méliès, une caisse de solidarité a été ouverte à la CGT des territoriaux de Montreuil. Vous pouvez également signer les pétitions : https://www.lapetition.be/en-ligne/Crise-au-melies-de-montreuil-12398.html

Tract CGT Territoriaux du 5/12/12

Tracts / Communiqués 22 janvier 2013

ACTUELLEMENT AU MÉLIÈS : LES DENTS DE LA MER 2

Depuis plusieurs semaines, le personnel du Méliès est de nouveau dans la tourmente et est soumis à des pressions graves de la part de l’administration. Cela se traduit par :

- La suspension immédiate de trois collègues (la régisseuse comptable, la responsable jeune public et le directeur artistique) pour « faits graves révélés sur la gestion d’une partie des recettes du cinéma. »
- La maltraitance de l’équipe passant par la dévalorisation systématique de son professionnalisme
- Le refus de titularisation d’un collègue au bout d’1 an de stage et 4 ans au service du cinéma pour : « Adhésion aveugle à des postures d’opposition à la hiérarchie de certains de ses collègues. »

FAUX archi FAUX !

La compétence, l’intégrité et l’honnêteté des agents du Méliès ne sont plus à prouver !!!

Pour rappel, l’équipe du Méliès a subi de janvier à avril 2012 une première enquête administrative. C’est pourquoi, face à une situation de blocage le personnel déposait un préavis de grève le 15 juin pour que soit enfin entendues leurs revendications : « Nous n’avons aujourd’hui pas d’autre choix que de signifier ainsi notre mal-être au travail pour que vous preniez enfin la mesure de notre parole. »

Après de nombreuses négociations, la DGS nous affirmait (cf lettre du 14 juin 2012) :
« J’ai entendu tout particulièrement votre souhait que soient examinées les modalités d’un apaisement permettant de prendre un nouveau départ dans les relations avec la DAC et l’ensemble de l’administration municipale sur des bases saines, professionnelles, de confiance et de respect mutuel. »

AUJOURD’HUI NOUS EXIGEONS :
- LA RÉINTÉGRATION IMMÉDIATE DE NOS COLLÈGUES SUR LEURS POSTES RESPECTIFS,
- LA TITULARISATION IMMÉDIATE DE NOTRE COLLÈGUE,
- LE RESPECT DE NOS MISSIONS,
- LE RETOUR D’UNE VÉRITABLE CONCERTATION,
- LE RESPECT DE L’HUMAIN


"Le cinéma Méliès de Montreuil est à nouveau en crise. Alors que nous devrions être occupés à préparer au mieux l’ouverture, prévue fin 2013, du plus grand complexe d’art et essai-recherche municipal de France, un climat de délation et de soupçon empoisonne l’atmosphère. On parle de “découverte d’une caisse noire”, de “détournement de fonds". On dénonce les salariés du Méliès à la télévision, comme si l’on connaissait les conclusions d’une enquête qui ne fait que commencer.
C’est la troisième fois en un an que les mêmes personnes sont attaquées pour des motifs chaque fois différents, avec chaque fois serment de détenir des éléments graves et déterminants.
Pourquoi ne laisse-t-on pas les salariés animer ce cinéma dans la sérénité, ce qu’ils excellent à faire de l’avis général ? Pourquoi s’acharner ainsi ?
Il n’y a pas plus de découverte de " caisse noire ", que de "détournement de fonds".
Que se passe-t-il ?
Dans notre cinéma, sur 4000 séances par an, il y a environ une dizaine de séances non commerciales. Elles concernent des films rares, souvent anciens, ou des téléfilms, qui n’ont ni visa, ni distributeur. Les entrées des séances non commerciales sont encaissées par une billetterie parallèle depuis 15 ans au moins, au vu et au su des élus, des DAC, de la direction administrative, des comptables, des régisseurs. Il en est de même de nombreuses salles dynamiques qui organisent des séances non commerciales.
Ces séances ne pouvaient pas être encaissées par la billetterie CNC sans entrer, soit un faux numéro de visa, soit un faux distributeur, soit une fausse quatrième salle. Les recettes non commerciales étaient reversées a posteriori dans la billetterie CNC : elles servaient, au Méliès comme dans d’autres cinémas, à acheter des billets offerts par la ville aux associations-partenaires lors des soirées-débats. Au lieu d’éditer des exonérés, avec cet argent on payait des billets !
Dominique Voynet, Maire de Montreuil, accuse aujourd’hui l’équipe du cinéma d’avoir « détourné des fonds publics » et d’avoir privé la ville de ces recettes… au profit des créateurs, du CNC et du système de redistribution qui alimente tout le cinéma français !
Cette situation a pour origine un vide de la réglementation, connu du CNC. Il y a partiellement répondu en 2008 en créant les "visas provisoires" pour les séances non commerciales des festivals.
En 2008, Libération écrivait à propos des séances non commerciales et des visas provisoires contestés par la profession : " Le caractère désormais obligatoire de ce visa temporaire ouvre gentiment la porte à ceux qui, pour des raisons diverses et variées, souhaiteraient nuire à une manifestation. Ainsi, il n’est pas totalement farfelu d’imaginer qu’un beau jour, un excité quelconque saisisse la justice à propos d’un film projeté dans un festival dont l’organisateur n’aurait pas demandé le fameux visa ". La transposition avec une équipe municipale désireuse d’attaquer une équipe de cinéma solidaire est tentante... Et Bruno Icher concluait : « ’Dura lex sed lex’, diront alors - à condition qu’ils soient latinistes - les policiers en saisissant les bobines ». Ou en convoquant au poste voire au tribunal l’équipe de la salle visée obstinément par la mairie…
A qui, à quoi sert en effet cet acharnement ? S’agit-il de ressentiment personnel ? S’agit-il de se débarrasser d’une équipe talentueuse ? S’agit-il de remettre en cause le Nouveau Méliès, le projet novateur et généreux de cinéma public de notre ville ?
Nous tenons à assurer de notre confiance les salariés qui viennent d’être suspendus et accusés sans preuve, et exigeons leur réintégration immédiate dans leurs fonctions.
Nous demandons que soit réglé, en partenariat avec le CNC et le trésor public, par des réunions de travail et non par des enquêtes, des menaces et des plaintes au pénal, le problème d’intégration des séances non commerciales dans la billetterie classique.
Nous demandons que soit enfin débattu publiquement le projet culturel du Nouveau Méliès. "

Robert Guédiguian, Solveig Anspach, Dominique Cabrera et Dominik Moll, cinéastes, membres du conseil du cinéma Méliès à Montreuil

Un appel à manifester est lancé pour LE SAMEDI 19 JANVIER 2013 À 14 H DEVANT LE CINÉMA GEORGES MÉLIÈS A MONTREUIL.