Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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SOBIBOR : 1 - L’USINE de MISE à MORT









SOBIBOR, USINE de MISE à MORT
Raul Hilberg *évalue le nombre de personnes assassinées à Sobibor à un chiffre qui se situe entre170 000 et 200 000 personnes.
La solution industrielle de destruction des Juifs d’Europe s’est mise en route par étapes. Il fallait aux nazis, trouver une solution aux effets des chocs psychologiques et des traumatismes induits sur les Einzatgruppen (unités de police militarisées) par les opérations de tueries mobiles par pendaisons, armes à feu, et…
La direction politique des opérations de construction de ces camps d’extermination en Pologne est confiée à Odilo Globocnik Gouverneur général de Pologne et dirigeante de la SS et de la Police du district de Lublin. C’est lui qui propose d’ailleurs de construire en briques des chambres a gaz fixes à Belzec, ce bien avant la conférence de Wannsee de janvier 1942. En effet, jusqu’ici les opérations de mise à mort pratiquées au cours de l’Aktion T4 entre 1939 et 1941 pour la liquidation des handicapés mentaux avaient utilisé l‘assassinat au gaz par camions mobile, expérience continuée au camp de Chelmno, mais jugée trop lourde à continuer.
La construction des camps de Belzec, Treblinka et Sobibor se fait dans le cadre de l’Aktion Rheinardt, première grande étape de la réalisation de la Solution finale pour les Juifs de Pologne. Elle signe la fin du caractère « artisanal » de la mise à mort et son entrée dans une « qualité » industrielle du meurtre de masse.
Le centre de mise à mort de Sobibor sera tel, que les appellent les nazis, un Vernichtungslager : un « camp de réduction à néant ».

La construction de Sobibor a commencé en mars 1942 sur un terrain isolé et discret derrière la Gare de Sobibor où une petite voie de service entre dans le camp. Trente officiers SS y sont affectés , ainsi qu’une centaine d’Ukrainiens volontaires. Les officiers ont été choisis pour leur expérience de mise à mort dans l’Aktion T4 et les Ukrainienssont déjà forts de leur pratique dans les tueries, notamment à Belzec.
Début mai 1942, Sobibor est fonctionnel. Dès la descente du train, les nazis désignent, selon les jours et leurs besoins, une cinquantaine de personnes appelées par leur métier : cordonniers, tailleurs, orfèvres, menuisiers, charpentiers, techniciens d’entretien pour être affectés au tri des vêtements et des objets de valeur des victimes ou à des travaux d’entretien du camp avant d’être destinés eux aussi à être gazés.
Le camp coupé en trois secteurs, séparés de barbelés, mesure 900 m sur 400 : les SS et leurs supplétifs, cent volontaires ukrainiens, vivent au Camp I, joli village propre et fleuri. Un peu plus loin, les ateliers et les blocs de ceux qui travaillent. Dès l’entrée, la rampe étroite camouflée de haies conduit au Camp II : dépôt des bagages, déshabillage, coiffeur : la rampe mène au boyau, un sentier étroit long de 150 m entre haies et barbelés, où Ukrainiens et chiens dressés à mordre, poussent les déportés nus dans les trois chambres à gaz maquillées en douches, du Camp III. Les Ukrainiens les actionnent plusieurs fois par jour. On fait courir des troupeaux d’oies pour en vain, couvrir les cris des victimes. Les Sonderkommandos résident ici pour porter les cadavres aux fosses communes. Au sud du Camp III , la construction d’un camp IV destinée à être un camp de concentration et un dépôt de munitions a commencé, mais ne sera jamais achevée. Juillet 1942, les trois « vieilles » chambres à gaz sont remplacées par six nouvelles chambres à gaz, plus grandes, sont installées qui peuvent gazer 400 personnes en 20 à 40 minutes : la productivité tournant à plein régime. L’Aktion 1005 au premier semestre 1942 signe la décision politique de la réduction en cendres des victimes assassinées dans le but d effacer toute trace du crime. Les cadavres sont sortis des fosses communes et systématiquement brûlés sur des bûchers.

* En ce qui concerne l’évaluation des chiffres de la Destruction des Juifs d’Europe, je retiens toujours le nombre avancé par Raul Hilberg, considérant qu’il reste l’HISTORIEN de RÉFÉRENCE SUR LA QUESTION.