Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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Max Ophuls et B. Keaton-

A l’Action Christine- Paris 5ème, Max Ophuls par William Karl Guérin - A Montreuil, Le Mécano de la General de Clyde Bruckman et Buster Keaton




Ecrans Philosophiques, la Maison Populaire de Montreuil présente
The General de Clyde Bruckman- Buster Keaton

L’ Action Christine présente un hommage à Max Ophuls avec les films Liebelei, Lettre d’une inconnue, Caught, La ronde, Le plaisir, Madame de et Lola Montès et à dater de la fin du mois de mars Les désemparés.
Une occasion de voir sur les écrans une partie de l’œuvre d’un des artistes majeurs du cinéma mondial.

Une occasion également de rendre hommage à un ami cher et proche William Karl Guérin trop tôt disparu, auteur de
Max Ophuls (Ed.Cahiers du Cinéma. 1988).

Je vous propose d’écouter les deux premières parties d’une émission (1/6 et 2 / 6) de radio quand, à la sortie de son livre paru aux Editions des Cahiers du Cinéma, William venait me parler du cinéaste.





Ecrans Philosophiques, la Maison Populaire de Montreuil présente The General de Clyde Bruckman- Buster Keaton,

( Le mécano de la General) USA, muet- 1927 : invité Frédéric Vengeon, directeur de programme au Collège International de Philosophie.
La séance suivie d’un débat avec l’invité aura lieu le
Mercredi 7 avril - à 20 h 30 au Cinéma Georges Méliès . M° Croix de Chavaux.

Ce film burlesque, romanesque, dramatique et monumental fait de Buster Keaton, avec Griffith, Gance et DeMille1, le pionnier du cinéma épique de grand spectacle. Le mécano Johnnie Gray a deux amours : sa locomotive "La General" et Annabelle. Quand commence la Guerre de Sécession, la Confédération le juge plus utile en mécano qu’en soldat mais sa dulcinée l’en tient pour lâche. Des espions volent un train tracté par "La General" et où se trouve la belle Annabelle. D’un autre train, Johnnie les poursuit, surprend le plan militaire nordiste, sauve ses deux amours et revient poursuivi par l’ennemi qu’il met hors d’état de nuire. Il devient un héros.

Véritable symphonie ferroviaire où la machine est au cœur de l’action, ce récit de course-poursuite est construit en deux grands mouvements symétriques qui se succèdent figurant un double trajet inversé. Inspiré par un fait réel de la Guerre Civile -le vol du train-, Keaton choisit le réalisme et montre le mouvement des troupes, le rôle de l’artillerie dans la bataille, l’enjeu du contrôle des voies ferrées, l’usage de la locomotive. Il s’inspire des daguerréotypes du photographe de guerre Matthew Brady, emploie plus de 2500 figurants et d’authentiques costumes nordistes et sudistes, fait édifier et détruire un pont de chemin de fer et copier "La General" sur des trains modifiés roulant sur des voies ferrées reconstituées ou encore en service en Oregon.

Guidé par une éthique de vérité, Keaton tend à l’usage du plan-séquence lequel saisit l’action en temps et espace réels, une obsession réaliste qui le conduit à exécuter, souvent sans trucage, ses cascades. Le burlesque de Keaton touche la perfection par son art génial du gag qui maîtrise architecture, minutage, composition plastique, mouvement, rythme, prouesse physique. Par son aspect et sa gestuelle, le personnage de « l’homme qui ne sourit jamais » reflète une individualité singulière et un archétype universel dont les caractéristiques physiques sont : un corps inflexible ou souple capable de se muer en projectile ou en flèche, identifiable à sa vitesse de déplacement, sa chute et son rebond, un visage au regard concentré et un jeu des orbites et des cernes exprimant toutes les émotions sous le masque figé. L’amour déclenche l’action pour ce personnage d’abord incapable de réagir devant l’évènement. Qu’advienne le retournement de situation, il fait face et triomphe des épreuves. S’affirmant dans le monde par le dépassement de lui-même, le héros keatonien est défini en une superbe formule par le critique Henri Agel comme « Sisyphe triomphant ».

Dans The General où l’homme se confronte à la technique « la liberté véritable n’est pas dans une indépendance rêvée à l’égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité qui s’offre à lui de les mettre en mouvement méthodiquement pour des fins déterminées /1 ».
Loin du déterminisme passif, Johnny Gray agit et découvre les lois historiques du possible. Le héros de la geste keatonienne expérimente le monde nous révélant ainsi les liens entre hasard, nécessité et liberté.

Laura Laufer

1 /Friedrich Engels Anti-Dühring. Ed.Sociales

A lire de Jean -Pierre Coursodon, un remarquable livre :
Buster Keaton. Ed Atlas Lherminier


© Laura Laufer