Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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En hommage à Jacques Rivette : entretien (audio.1ère partie).









1/3 Entretien Rivette © Laura Laufer 1997

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-2/3 Entretien Rivette.©Laura Laufer 1997

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Voici la première cassette d’un entretien avec Jacques Rivette. Vous le trouvez ici en deux documents audio car le fichier est trop lourd pour être mis en ligne en une fois.-
J’ai enregistré Jacques Rivette à la sortie de Secret Défense et nous avions passé un après midi à discuter en "roue libre" .

La 3ème partie de l’entretien enregistré sur une autre cassette est en partie démagnétisée et je n’ai pas retrouvé sa copie de sécurité. Rivette y parlait de sa distance prise, dans les années 1990, avec les œuvres de Mankiewicz ou de Minnelli tout en évoquant des cinéastes toujours de référence pour lui : Fritz Lang, Alfred Hitchcock ou Howard Hawks. Je numériserai la troisième partie de l’entretien en l’état, ces jours prochains.

Ci - dessous, je vous propose un entretien avec Jacques Rivette paru en 1973 dans la revue La Nouvelle Critique. Propos recueillis par Bernard Eisenschitz, Jean-André Fieschi, Eduardo De Gregorio.http://www.sabzian.be/article/entretien-avec-jacques-rivette

Je suis très émue par la disparition de Jacques Rivette. Je connaissais Jacques Rivette depuis le début des années 1970, lorsque je lui avais dit combien j’avais aimé L’Amour fou, tourné peu avant. Ce film avait été un des chocs par lesquels je découvrais la modernité au cinéma.

Depuis lors, nous nous étions parfois croisés dans les salles obscures qu’il fréquentait assidument, bien longtemps après avoir quitté les Cahiers du Cinéma. Je me souviens dans ces années là d’une séance au studio 28. Nous étions quatre spectateurs dispersés dans la salle, Jacques Rivette, Jean-Pierre Léaud, un inconnu et moi-même. Nous étions venus voir, chose très rare lorsque ni les cassettes ni les DVD n’existaient, La vénus aveugle d’Abel Gance.
Jacques Rivette semblait toujours porter le même costume, austère, modeste qui lui donnait un peu une allure monacale. En vérité, il aimait rire et je l’ai toujours trouvé extrêmement chaleureux.

Rivette a été un des défenseurs de la "Politique des auteurs" par ses textes sur Alfred Hitchcock, Howard Hawks ou Fritz Lang et reste, par son écriture et son oeil acéré un des plus grands critiques de cinéma.

Son cinéma ne serait plus produit aujourd’hui tout simplement parce que le cinéma s’est inféodé au scénario, lequel n’a souvent que peu à voir avec la cinématographie.

Le credo de Rivette reposait sur les acteurs. En digne "fils"de Jean Renoir dont il fut l’assistant sur French Cancan, il avait appris à faire surgir venant d’eux le jaillissement de la vie au moment même où cela advient. Le temps présent était la seule déclinaison de son cinéma, y compris pour Suzanne Simonin la Religieuse ou pour sa Jeanne d’Arc rebelle et vulnérable.

Ses films révèlent l’ esprit de synthèse et de construction qui ont fait de lui un des grands architectes de constructions cinématographiques complexes mais solides, apprises de Fritz Lang.

Rivette a expérimenté une forme neuve ouvrant la voie à un cinéma où le film est en train de se faire, un happening permanent, par la création collective et la complicité du cinéaste avec ses comédiens.
La liberté s’y trouve tant du côté des créateurs que du spectateur : j’ai toujours éprouvé devant les films de Rivette un extraordinaire sentiment de joie ludique et de liberté riches d’ un bonheur rare aujourd’hui au cinéma.
Laura L.