Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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Le Carrosse d’Or de Jean Renoir. Mardi 25 juin au Rex de Châtenay- Malabry









Cycle Mémoire de cinéma, mardi 25 juin à 20h30 au Rex de Châtenay-Malabry, programmation et animation Laura Laufer.
364, Avenue de la Division Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry. Tél :01 40 83 19 73. Cinéma Le Rex cinema.lerex.free.fr/‎

Cycle Mémoire de cinéma : achetez une place et venez à deux !

Je présenterai Le carrosse d’or , 1952 de Jean Renoir. Cette séance sera la dernière du cycle de cette saison. J’aurai le plaisir de vous proposer une saison 2013-2014 de Mémoire de cinéma dès octobre avec des films de Max Ophuls, Yazujiro Ozu, Boris Barnet, Jerry Lewis, John Cassavetes, Robert Aldrich, Jean Renoir, John Ford...

Et rendez-vous au Rex pour le 12ème Festival du Film de Châtenay-Malabry qui se tiendra du 6 au 14 septembre 2013. Pour sa 12ème édition, le Festival international du film Paysages de Cinéastes fera la part belle aux Paysages Urbains.

Jean Renoir présente Le Carrosse d’or

Le Carrosse d’or de Jean Renoir avec Anna Magnani, Duncan Lamont, Jean Debucourt.. Photo : Claude Renoir. Musique : Vivaldi. Italie, 1952.
Ce film s’inspire du Carrosse du Saint -Sacrement, texte de Prosper Mérimée (cf.ci-dessous). Au XVIIIe siècle, Camilla joue dans une troupe de la commedia dell’arte. Elle a plus d’un amant et le vice-roi d’une colonie lui offre un carrosse d’or.

Qui possède le carrosse, possède le pouvoir mais à quelle fin ?
La représentation du Carrosse du Saint - Sacrement, du temps de son auteur, Prosper Mérimée, fit scandale en raison de l’anti-religiosité de la pièce. En effet, si la propriété de ce carrosse se démocratise, gageons que pour son auteur mécréant, autant que pour Jean Renoir qui s’en inspire, la félicité vaut infiniment mieux, ici - bas qu’au Ciel.

Au théâtre, Camilla scintille sous sa robe multicolore de Colombine. Dans la vie, Camilla, emportée par le désir d’avoir des amants, de posséder un carrosse, de changer de statut, oscille et plus son être se déchire, plus son corps s’habille de sombre. Si Jean Renoir est le plus grand cinéaste du jaillissement de la vie et donc du désir, l’extraordinaire énergie qui meut ses personnages et leurs actions peut faire naître la déflagration.

Camilla, comme la Lola Montès du film de Max Ophuls, manque de provoquer une révolution de Palais et le vacillement du pouvoir. Les deux femmes ont appris du spectacle, la règle du jeu, mais le destin de Lola, exhibée comme bête de foire est de finir en cage alors que Camilla par la commedia dell’arte domptera le public. Cette dernière saura prendre le pouvoir par la prise de la propriété la plus symbolique de l’ État. Par un don à l’Eglise, autorité suprême incontestable et incontestée, elle y renoncera pour mieux rétablir le pouvoir du vice-roi. La Camilla de Renoir comme d’ailleurs celle de Mérimée est en vérité, loin de l’esprit de charité. Son geste n’aura pour but que de servir un intérêt qui se joue dans l’arène politique, monde frère de celui du spectacle. Autant dire qu’elle en connaît tous les artifices, car elle sait que sous la perruque du vice - roi, existe la vérité d’un homme.

Pour Jean Renoir, l’artifice le plus grand engendre toujours la vérité intérieure et son film Le carrosse d’or interroge : où commencent et finissent la vie et le théâtre ? Le cinéaste orchestre un beau mouvement de la lumière et des couleurs qui n’est pas sans rappeler celui de la peinture impressionniste, où la lumière, justement, semble n’avoir ni limite, ni contour et dont la dispersion, la fragmentation avec la distance, varie à l’infini.

Camilla trouvera son centre de gravité en renonçant au carrosse et à ses amants. Dépouillée alors des artifices du monde, rendue à l’humilité de sa véritable condition, elle est mise à nue dans sa seule vérité intérieure et choisit le théâtre. Dans ce joyau du septième art, Renoir dirige une comédienne magnifique et sublime (Anna Magnani) pour dire ce qui dans l’intensité de la vie nous déborde, multiple et infini. – L. L

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Selon le Larousse :
Micaela Villegas (La Périchole) était une actrice et chanteuse péruvienne (Huácumo, Pérou, 1739-Lima 1819). Elle fut la maîtresse du vice-roi espagnol Manuel Amat y Junyent, qui tomba amoureux d’elle en la voyant dans une représentation de Fuego de Dios en el querer bien, de Calderón de la Barca. Leur liaison dura près d’une douzaine d’année. Le scandale atteignit un sommet après la publication d’un pamphlet, où elle était nommée la Perricholi (de l’espagnol perra chola, « chienne métisse ») après qu’elle se fut rendue à l’église dans le luxueux carrosse que lui avait offert son royal amant. Elle fit don de son carrosse au clergé local. En 1795, elle épousa finalement un des comédiens de sa troupe. Outre La Périchole, célèbre opéra-bouffe d’Offenbach sur un livret de Meilhac et Halévy (1868), la figure de Micaela Villegas a inspiré plusieurs œuvres littéraires, dont la plus connue reste celle de Prosper Mérimée le Carrosse du Saint-Sacrement, dans le Théâtre de Clara Gazulen 1825). Le texte de Mérimé a à son tour inspiré le cinéaste Jean Renoir dans Le Carrosse d’or, 1952 .

Le texte de Prosper Mérimé est tombé dans le domaine public. Voici les liens :
Le carrosse du Saint-Sacrement : saynète (3e éd.) / Prosper Mérimée
gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k5833304c‎

Mérimée, Prosper (1803-1870) - Le carrosse du Saint-Sacrement : saynète (3e éd.) / Prosper Mérimée - 1927 - monographies.
Le carrosse du saint Sacrement, texte de Prosper Mérimée : lot de ...
gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b8419997j‎

Pic, Roger (1920-2001). Photographe - [Le carrosse du saint Sacrement, texte de Prosper Mérimée : lot de photographies / Roger Pic] - 1958 - images.